Nous y sommes. Un sentiment diffus, presque palpable, de « crise de sens contemporaine » nous étreint. L’anxiété professionnelle n’est plus une vague menace, mais une interrogation lancinante : mon rôle a-t-il encore un avenir? L’intelligence artificielle, spectre ou partenaire, nous somme de choisir : subir ou maîtriser? Cette quête identitaire, « Que vais-je faire de ma vie, dans quel sens ? », résonne avec une acuité nouvelle face à l’impact technologique qui redéfinit les contours mêmes du travail. La peur du remplacement est là, tangible.
Face à ce constat, les modèles mentaux hérités du passé, même récent, volent en éclats. Sommes-nous condamnés à n’être que les spectateurs de notre propre obsolescence ? Ou existe-t-il une voie pour non seulement s’adapter, mais pour prospérer ? Et si cette voie résidait dans notre capacité à cultiver une agilité intellectuelle supérieure, à embrasser le profil du « polymathe » – ce créatif interdisciplinaire capable de naviguer la complexité? Et si le secret de cette transformation se nichait dans un mécanisme créatif fondamental, la « bisociation », capable de générer l’innovation là où l’on ne voyait que des impasses?
Cet article n’est pas une simple exploration. C’est une plongée au cœur des stratégies mentales qui distingueront demain les leaders des suiveurs, les créateurs des exécutants. Accrochez-vous, nous allons déconstruire pour mieux reconstruire.
L’Ancien Monde du Travail se Meurt : Diagnostic d’une Obsolescence Annoncée
Avant d’esquisser les contours du futur, il faut oser regarder en face les fondations qui s’effritent. Un modèle, proposé dès 1991 par Robert Reich dans « The Work of Nations », offre une grille de lecture prophétique de nos angoisses actuelles face à l’IA.
Le Triptyque de Reich : Une Anatomie Visionnaire des Rôles Professionnels
Reich, bien avant l’omniprésence de l’IA, analysait l’impact de l’automatisation et de la délocalisation – la grande affaire de la mondialisation du 20ème siècle. Il identifiait trois archétypes professionnels dont la pertinence, ou la vulnérabilité, explose aujourd’hui :
- Les « Routine Producers » (Producteurs Routiniers) : Ils sont les exécutants des plans conçus par d’autres, transformant des directives en résultats tangibles – rapports, tableurs, données brutes. Leurs tâches, par essence standardisables, étaient hier délocalisables ; elles sont aujourd’hui massivement automatisables par une IA capable d’ingérer un cahier des charges et de livrer un produit fini.
- Les « In-between Person Services » (Services Interpersonnels de Proximité) : Ce sont les métiers du soin, du service direct, ancrés dans un territoire et une relation humaine. Leur caractéristique maîtresse : ils sont difficilement délocalisables et, par extension, moins directement menacés par une IA désincarnée.
- Les « Symbolic Analysts » (Analystes Symboliques) : Leur domaine ? Les concepts, les idées, l’innovation pure. Ils sont les architectes de la pensée, les solutionneurs de problèmes complexes. Paradoxalement « auto-délocalisables » car leur valeur réside dans leur capital intellectuel, leur agilité mentale est leur principale arme.
L’IA : Le Coup de Grâce pour la Production Routinière ?
Le verdict, à la lumière de Reich, est sans appel : les « Routine Producers » sont sur la sellette. Pour ceux qui ont passé la cinquantaine, l’horizon peut être de tenir jusqu’à la retraite. Pour les autres, plus jeunes, la reconversion n’est plus une option, c’est un impératif vital. Votre travail est-il une suite de procédures standardisées ? Si oui, l’IA est déjà votre concurrent direct, silencieux mais implacable. Le déni n’est plus permis.
L’Émergence Inéluctable du Polymathe, Analyste Symbolique d’Excellence

Face à cette dislocation, quelles stratégies d’adaptation émergent ? Pour les services de proximité, la voie est celle de l’hyper-ancrage : connaissance intime du client, excellence relationnelle, adaptation culturelle fine, création de valeur territoriale authentique. C’est le choix de l’humain, du lien, de la spécificité locale irréductible.
Mais pour ceux qui aspirent à modeler les idées, à innover à grande échelle ? L’avenir appartient aux « Symbolic Analysts » les plus performants. Et au sommet de cette pyramide, se dresse le Polymathe : ce créatif interdisciplinaire, cet « excellent symbolic analyst ». Il ne s’agit plus d’être un expert pointu dans un silo, mais de tisser des liens audacieux entre des disciplines multiples. Il faut « monter d’un niveau », changer radicalement de matrice de pensée, embrasser la complexité en cultivant une connaissance vaste et connectée pour forger une perspective unique. C’est cette vision singulière, cette capacité à voir ce que les autres ne voient pas, qui a une valeur inestimable pour les entreprises en quête de véritable leadership.
L’école, trop souvent, nous forme à devenir des « routine producers » dociles. L’heure est à l’auto-création, à l’écoute de sa propre musique créative.
Checklist Stratégique : Cartographiez Votre Positionnement Face à la Rupture
- Diagnostic Brutal de Vos Tâches : Quelle part de votre quotidien est dictée par la routine, par le service personnalisé, par l’analyse et la conceptualisation ? Soyez honnête, les chiffres ne mentent pas.
- Évaluation du Risque IA : Vos fonctions principales sont-elles des algorithmes en puissance ? Si un « cahier des charges en input » suffit pour obtenir le « résultat en output », le compte à rebours a commencé.
- Identification de Vos Levier de Transformation :
- Si « Routine Producer » : Quelles compétences radicalement nouvelles (analyse complexe, stratégie, innovation de rupture) devez-vous acquérir pour muter ? Comment l’IA peut-elle devenir votre levier, et non votre fossoyeur ?
- Si « In-between Person Service » : Comment exacerber votre singularité locale, la personnalisation de votre offre, l’irremplaçabilité de votre lien humain?
- Si aspirant « Symbolic Analyst » : Quels champs de connaissance, aujourd’hui étrangers à votre pratique, devez-vous conquérir pour devenir ce polymathe à la perspective unique et convoitée?
La Perspective : Votre Ultime Rempart Contre la Commoditisation du Savoir
Dans ce nouveau jeu, la simple accumulation de « connaissance » ne suffit plus. C’est la « perspective » qui devient la monnaie forte. Mais que recouvrent ces termes ?
Connaissance vs. Perspective : Le Choc de Deux Paradigmes
La connaissance, dans son acception traditionnelle, est souvent une accumulation passive, une érudition sectorielle. On apprend, on stocke, on se conforme à une pensée de groupe, au risque de s’enfermer dans une vision unifiée, certes confortable, mais stérile. L’hyperspécialisation mène alors à la régurgitation de modèles, à l’application mécanique de recettes. Ceci, l’IA le fait, et le fera, mieux que nous.
La perspective, elle, est une fulgurance. C’est une création active, une vision du monde forgée au creuset d’une curiosité insatiable et d’une capacité à « monter d’un niveau » – non pas pour s’informer davantage, mais pour transformer l’information. Il s’agit de suivre sa « boussole interne » pour accoucher d’une interprétation personnelle, d’un angle unique.
Face à une IA qui maîtrise la connaissance, la perspective est-elle notre apanage exclusif ? C’est plus qu’une question, c’est un enjeu de civilisation.
L’IA, Maîtresse Incontestée de la Connaissance ; l’Humain, Architecte de la Perspective
Ne nous y trompons pas : l’intelligence artificielle est une dévoreuse de connaissances, une virtuose de l’application de modèles mentaux. Donnez-lui des données, elle en extraira des schémas.
Mais la perspective ? Elle exige de l’intuition, du ressenti, la capacité de relier des points que la pure logique ignore. Elle demande une transformation alchimique de l’information en vision. C’est l’art de donner un sens neuf, une saveur irréductiblement humaine.
Forger Votre Vision Personnelle : Le Graal de la Valeur Ajoutée
L’objectif n’est plus d’être un puits de science, mais une source de perspective. C’est cette vision personnelle, cette signature intellectuelle, que les organisations et les individus recherchent désespérément, car elle est le germe de toute innovation véritable, de toute différenciation stratégique.
Pour qu’un message, un produit, une idée « raisonne » en l’autre, il doit vibrer avec sa sensibilité personnelle. Nos interactions, notre vécu, sculptent cette vision unique. Sur les biens de première nécessité, l’impact est faible ; sur tout ce qui touche à l’émotion, à l’engagement, c’est un facteur décisif.
Checklist Commando : Sculptez Votre Perspective Unique
- Déchaînez Votre Curiosité Transgressive : Osez l’exploration de territoires intellectuels radicalement étrangers à votre zone de confort. Que peut apprendre un ingénieur de la poésie symboliste ? Un artiste des systèmes complexes ?
- Devenez un Alchimiste de l’Information : Ne consommez plus passivement. Pour chaque donnée nouvelle, interrogez : Et alors ? Quel sens pour moi, pour mon domaine, pour le monde ? Comment cette information me transforme-t-elle et comment puis-je la transformer ?
- Traquez les Connexions Improbables : Entraînez votre esprit à bâtir des ponts entre des continents de pensée que tout oppose. C’est dans ces failles, ces courts-circuits logiques, que niche la véritable originalité.
- Incarnez Votre Vision : Une perspective ne vaut que si elle est partagée, confrontée, mise à l’épreuve. Écrivez, parlez, débattez. C’est en se frottant au réel qu’elle s’affine et gagne en puissance.
Le Secret des Créateurs : La Bisociation d’Arthur Koestler Révélée

Si la perspective est le but, la « bisociation » est l’un des chemins royaux pour y parvenir. Ce concept, forgé par Arthur Koestler dans son œuvre monumentale « The Act of Creation », est une véritable clé de compréhension du génie créatif.
La Bisociation : Quand Deux Mondes Entrent en Collision Féconde
Oubliez la simple « association » d’idées, ce cheminement sage et prévisible au sein d’un même cadre de pensée. La bisociation est d’une autre nature. C’est l’acte mental créateur où deux matrices de pensée (cadres de référence, logiques, univers mentaux) habituellement distinctes, voire incompatibles, sont soudainement connectées. L’idée, l’événement « L », se trouve alors à l’intersection de ces deux plans, vibrant simultanément sur deux longueurs d’onde. C’est un « saut créatif » qui fait percevoir la réalité sous un jour radicalement nouveau.
Imaginez non pas une chaîne d’idées, mais la collision de deux univers parallèles. C’est de ce choc que jaillit l’étincelle.
Le Triptyque Koestlérien : L’Humour, la Science, l’Art – Un Même Processus, des Climats Émotionnels Distincts
Koestler démontre brillamment que ce mécanisme bisociatif est à l’œuvre, de manière identique dans sa structure, dans trois domaines en apparence éloignés :
- L’Humour (le Clown) : La collision des matrices provoque le rire, une décharge d’émotions devenues superflues lorsque l’esprit bascule d’une logique à une autre, inattendue. La tension s’accumule, puis l’irruption d’une logique incongrue la fait exploser.
- La Découverte Scientifique (le Savant) : La fusion des matrices mène à une nouvelle synthèse intellectuelle, le fameux « Eurêka ! ». La tension est celle de la recherche ; la découverte résout le paradoxe là où l’humour se contente de l’exposer.
- La Création Artistique (le Poète) : La confrontation des matrices engendre l’expérience esthétique, l’émerveillement. Les émotions sont ici participatives, auto-transcendantes.
Le processus logique est identique ; seul le « climat émotionnel » varie, passant de l’agressif/libérateur à l’objectif/neutre, puis au sympathique/contemplatif.
Décryptage Pratique : La Bisociation en Action
- Humour – Le Gag Bisociatif : « Le mariage est la principale cause de divorce ».
- Matrice 1 : Le mariage, institution sacrée, romantique.
- Matrice 2 : La causalité statistique, froide et implacable. Le rire naît de cette fusion absurde, libérant une tension cognitive.
- Science – La Percée Bisociative : Newton et la pomme.
- Matrice 1 : La chute d’un corps terrestre, observation banale.
- Matrice 2 : Le mouvement des planètes, mécanique céleste. Fusion : La loi de la gravitation universelle. Newton a connecté deux univers de pensée que rien ne reliait auparavant. C’est une « explosion cognitive ».
- Art – Métaphores et Styles Hybrides : Le Surréalisme.
- Matrice 1 : La logique réaliste, objets du quotidien.
- Matrice 2 : Le rêve, l’inconscient, le symbole. Fusion : Une image déroutante et puissamment évocatrice (Dalí, Magritte). Ou la métaphore poétique : « Ses yeux sont des lanternes dans la nuit », fusionnant description physique et lumière symbolique/chaleur émotionnelle.
Koestler insiste : l’intuition et l’inconscient sont au cœur de ces processus. Il récuse une vision purement mécaniste du cerveau, et critique la rigidité d’une éducation qui entrave cette danse créative. La bisociation est la pierre angulaire de la créativité interdisciplinaire.
Orchestrer Votre Génie Créatif : Le Processus Bisociatif en 4 Actes
Comprendre est une chose, maîtriser en est une autre. Koestler nous offre un schéma du processus créatif, une feuille de route pour naviguer les eaux de la bisociation. Le voici, dépouillé et actionable.
Acte 1 : Préparation – L’Immersion Sans Concession
Aucune grande idée ne naît ex nihilo. Tout commence par une immersion totale dans le problème, le sujet, la quête. C’est une phase d’accumulation obsessionnelle de données, d’expériences, de confrontations. Vous labourez le terrain, sans encore chercher la solution, mais en saturant votre esprit de tous les éléments du puzzle. La richesse et la diversité de cette préparation sont cruciales.
Acte 2 : Incubation – La Maturation Silencieuse
Après l’effort vient le relâchement conscient. C’est la phase d’incubation, où le cerveau conscient lâche prise, mais où l’inconscient s’active frénétiquement en coulisses. Il trie, connecte, opère des rapprochements audacieux, loin des sentiers battus de la logique formelle. Une promenade, une douche, le sommeil… c’est souvent dans ces moments de « vide » apparent que les connexions se forment. Le lâcher-prise est ici une discipline active.
Acte 3 : Illumination – L’Instant de Vérité Bisociative
Et puis, l’étincelle. Le surgissement inattendu du lien bisociatif. C’est l’illumination, le « Eurêka ! », l’Aha-Erlebnis. Deux matrices de pensée, jusqu’alors étrangères, entrent en résonance, et la solution apparaît, évidente, lumineuse. Ce n’est pas de la magie, c’est le fruit mûr de la préparation et de l’incubation.
Acte 4 : Vérification – De l’Idée à l’Impact
L’illumination est un trésor brut. La phase de vérification vient le tailler, le polir, le confronter au réel. L’idée est-elle valide ? Applicable ? Robuste ? C’est l’étape de la rationalisation, du développement, de la communication. Toutes les illuminations ne survivent pas à cette épreuve du feu, mais elle est indispensable pour transformer une intuition géniale en une innovation tangible.
Pourquoi ce processus est-il si fondamental ? Parce qu’il démystifie la créativité. Elle n’est pas l’apanage des « génies », mais le résultat d’une capacité, cultivable, à faire danser ensemble des univers mentaux multiples. Les systèmes rigides, qu’ils soient éducatifs ou sociaux, sont les ennemis de cette danse.
Checklist d’Activation Créative : Libérez Votre Potentiel Bisociatif
- Préparation Intensive : Définissez une quête claire. Explorez-la sous tous les angles. Amassez des informations variées, même (surtout) celles qui semblent éloignées du sujet. Questionnez, déconstruisez.
- Incubation Stratégique : Accordez-vous des plages de déconnexion active. Changez d’activité, laissez votre esprit « divaguer » productivement. Le repos de l’esprit conscient est le laboratoire de l’inconscient.
- Chasse à l’Illumination : Soyez aux aguets. Les idées bisociatives sont souvent fugaces. Un carnet, une app, pour capturer ces fulgurances à l’instant T. Accueillez l’étrange, l’incongru.
- Vérification Rigoureuse mais Bienveillante : Soumettez l’idée brute à l’épreuve de la logique, de la faisabilité, de la pertinence. Comment la nourrir, la développer, la prototyper ?
L’Impératif Polymathe : Devenez l’Architecte de Votre Renaissance Professionnelle
Armé de la compréhension de la perspective et de la bisociation, comment incarner activement ce profil de polymathe, cet analyste symbolique agile et visionnaire ?
L’Interdisciplinarité Radicale : Votre Nouveau Terrain de Chasse
Le polymathe est un braconnier sur les terres du savoir. Il refuse les silos disciplinaires et traque les connexions là où personne ne pense à les chercher. « Monter d’un niveau », c’est embrasser cette posture : non pas pour accumuler stérilement, mais pour mettre en résonance des connaissances hétérogènes et accoucher d’une synthèse unique et puissante. La routine intellectuelle est votre ennemie ; la curiosité transgressive, votre meilleure alliée.
La Sensibilité comme Radar : Connecter l’Humain à l’Humain, Sincèrement
À l’heure où l’IA promet une efficacité algorithmique sans âme, c’est votre sensibilité personnelle qui fera la différence. Pour qu’une création, un message, une innovation touche sa cible, elle doit entrer en résonance avec une corde sensible, une émotion humaine. Vos expériences, votre subjectivité, votre manière unique de percevoir le monde sont le terreau de cette connexion authentique.
La question devient alors brûlante : si vous ne cultivez pas d’abord cette richesse intérieure, cette perspective qui vous est propre, comment espérez-vous créer quoi que ce soit – même augmenté par l’IA – qui puisse véritablement émouvoir et engager d’autres humains?
Dynamiter les Carcans : Un Plaidoyer pour une Pensée Libérée
Koestler le dénonçait : la rigidité éducative et la pensée institutionnelle sclérosent la créativité. Les systèmes qui formatent à la répétition plutôt qu’à l’exploration, qui valorisent la conformité sur l’audace, sont des freins à la bisociation. Un véritable « reset » mental s’impose, individuellement et collectivement, pour réhabiliter la curiosité, le droit à l’erreur féconde, et la beauté des parcours atypiques.
L’Inspiration des Géants : Les Polymathes qui ont Façonné le Monde
L’histoire est jalonnée de ces esprits universels :
- Léonard de Vinci, dont la fusion de l’art, de la science et de l’ingénierie continue de nous fasciner.
- Benjamin Franklin, diplomate, inventeur, philosophe, scientifique – un homme-orchestre de la pensée. Leur héritage est clair : l’hyperspécialisation n’est qu’une voie parmi d’autres. L’approche multidimensionnelle est une source de puissance et d’impact inégalée.
Checklist de Transformation Polymathe : Votre Plan d’Action Personnalisé
- Boulimie Intellectuelle Stratégique : Plongez dans des domaines radicalement différents. Un économiste devrait lire de la mythologie comparée ; un juriste, s’initier à la théorie du chaos. Sortez de votre écosystème informationnel.
- Gymnastique Bisociative Quotidienne : Prenez deux concepts au hasard (ex: « la photosynthèse » et « la gestion de crise »). Forcez votre esprit à établir au moins trois liens, analogies ou applications croisées. C’est exigeant, mais terriblement efficace.
- Orchestration de la Diversité Relationnelle : Entourez-vous d’esprits différents. Chercheurs, artistes, entrepreneurs, artisans… Chaque conversation est une étincelle potentielle.
- Sanctuarisation de l’Idée Folle : Tenez un journal de « bisociations sauvages ». Notez tout, sans filtre. Ces « monstres » conceptuels sont parfois les embryons de vos plus grandes idées.
- L’Humilité du Néophyte Éternel : Abordez chaque nouveau savoir avec les yeux d’un enfant. C’est souvent en questionnant l’évidence qu’on débusque l’inédit.
- Ingénierie Inverse de la Créativité : Décortiquez l’humour, les découvertes, l’art. Identifiez les matrices en collision. Comprendre le mécanisme chez les autres, c’est se donner les moyens de le reproduire.
Conclusion : Reprenez le Pouvoir – Votre Esprit est le Champ de Bataille Décisif

La crise de sens, la déferlante IA, l’anxiété professionnelle… Oui, le tableau peut sembler sombre. Mais il est aussi une formidable invitation à une réinvention radicale. L’obsolescence n’est pas une fatalité pour qui refuse la passivité.
La bisociation, ce mécanisme créatif fondamental, est bien plus qu’une théorie fascinante : c’est un levier stratégique, une arme de choix pour forger des solutions inédites dans un monde qui en manque cruellement. Apprendre à connecter l’inconnectable, c’est se donner le pouvoir de sculpter l’avenir.
Devenir un polymathe n’est plus l’apanage d’une élite éclairée ; c’est une discipline de survie et d’épanouissement à l’ère de la complexité. C’est choisir l’agilité contre la rigidité, la curiosité contre la sclérose, la vision contre l’aveuglement.
Alors, cessez de vous percevoir comme une victime potentielle des algorithmes. Votre esprit est le champ de bataille décisif. Explorez ses territoires inconnus, nourrissez sa plasticité, cultivez avec une passion féroce votre perspective unique. Osez le choc créateur de la bisociation.
L’avenir n’est pas ce qui arrive, mais ce que nous en ferons. Êtes-vous prêt à en être l’architecte ?
Section FAQ
Q1 : Le « polymathe » est-il un idéal inaccessible ou un objectif réaliste pour le professionnel d’aujourd’hui ? R : Le polymathe, défini comme un créatif interdisciplinaire, n’est pas un surhomme doté de savoirs infinis. C’est plutôt un état d’esprit, une méthode : celle de cultiver une vaste curiosité, d’acquérir des connaissances dans des domaines variés, et surtout, de savoir les connecter pour générer une perspective unique. Si l’omniscience d’un Léonard de Vinci est un horizon, la démarche d’ouverture et de connexion interdisciplinaire est, elle, parfaitement accessible et stratégique pour tout professionnel souhaitant augmenter sa valeur et sa résilience.
Q2 : La bisociation peut-elle être consciemment « provoquée » ou dépend-elle purement de l’inspiration soudaine ? R : Si l’illumination bisociative peut sembler surgir « de nulle part », Arthur Koestler décrit un processus en quatre étapes (préparation, incubation, illumination, vérification) qui suggère fortement que les conditions de son émergence peuvent être consciemment favorisées. Une préparation rigoureuse et diversifiée, suivie d’une période d’incubation permettant au subconscient de travailler, augmente significativement les chances de « collision » créative. Ce n’est donc pas passif ; c’est une discipline.
Q3 : Face à une IA qui apprend et « crée » de plus en plus, la perspective humaine et la bisociation resteront-elles longtemps des avantages distinctifs ? R : L’IA excelle à traiter la « connaissance » et à appliquer des modèles, voire à générer des combinaisons nouvelles à partir de données existantes. Cependant, la « perspective » telle que discutée ici, qui se nourrit de sensibilité personnelle, d’expériences vécues, d’intuition et de la capacité à opérer des sauts bisociatifs entre des cadres de référence radicalement hétérogènes – souvent chargés de sens culturel et émotionnel profond – semble encore hors de portée d’une IA fonctionnant sur la logique et les données. L’IA est un outil ; la source de la bisociation transformatrice, celle qui touche à la signification, reste profondément humaine. L’enjeu est d’utiliser l’IA pour augmenter cette capacité, non de la craindre.
Q4 : Comment intégrer concrètement la démarche bisociative dans un environnement professionnel souvent normé et pressé par le temps ? R : Commencez petit mais soyez constant. 1) Réservez des « micro-moments » de curiosité interdisciplinaire (lire un article hors de votre champ, écouter un podcast sur un sujet improbable). 2) Lors de brainstormings ou de résolution de problèmes, forcez consciemment l’introduction d’un « cadre de référence étranger » (ex: « comment la nature résoudrait-elle ce problème logistique ? », « quelle leçon de ce jeu vidéo pour notre stratégie marketing ? »). 3) Valorisez les questions « naïves » ou « décalées » au sein de l’équipe ; elles sont souvent le germe de la bisociation. Il s’agit moins de temps que de posture mentale.
Q5 : La « crise de sens » est-elle un moteur ou un frein à l’adoption de ces concepts de polymathe et de bisociation ? R : La crise de sens peut être un puissant moteur. Lorsqu’on ressent un décalage entre ses aspirations et la nature de son travail, ou une anxiété face à l’avenir, cela crée une tension propice à la remise en question et à la recherche de nouvelles voies. Devenir polymathe et maîtriser la bisociation sont des réponses actives à cette crise : elles offrent des outils pour reprendre le contrôle, pour créer sa propre valeur et, potentiellement, pour redéfinir son identité professionnelle et personnelle autour de la créativité et de l’impact. La peur du vide devient alors un appel à la création.
Q6 : Le système éducatif actuel nous handicape-t-il réellement dans cette quête de la pensée polymathe ? Que faire ? R : Le document source critique la rigidité de l’éducation et de la pensée institutionnelle qui freine la créativité, suggérant qu’elles créent souvent des « routine producers ». Si le système ne change pas du jour au lendemain, l’individu peut agir : cultiver une « contre-éducation » personnelle basée sur la curiosité interdisciplinaire, la lecture extensive hors des sentiers battus, la recherche active de mentors aux profils variés, et la pratique délibérée d’exercices de pensée créative. Il s’agit de hacker sa propre formation continue.